Recherche

Séries télévisées et industries créatives : les effets de la culture populaire sur la démocratie et la résilience des sociétés

Des recherches sur les séries TV développées dans le cadre du projet ERC DEMOSERIES aux industries culturelles et créatives, en passant par l'innovant RECO+ qui propose de révolutionner l’approche de la recommandation de séries pour l’élargir à des critères d’ordre sociétal et éthique, Sandra Laugier et Thibaut de Saint Maurice explorent les impacts de la culture populaire sur la démocratie et sur la citoyenneté.

Professeure de philosophie à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de l’Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne - ISJPS (Paris 1 Panthéon-Sorbonne/CNRS), Sandra Laugier travaille depuis 15 ans sur les questions de démocratie culturelle, elle dirige notamment les programmes de recherche DEMOSERIES, RECO+ et EUPRAXIE. Thibaut de Saint Maurice est membre de l’ERC DEMOSERIES depuis ses débuts. En plus de participer aux activités de recherche, il prépare sa thèse de doctorat (École doctorale de philosophie/ISPJS) au sein du projet.

DEMOSERIES : l'impact des séries sur leur public

Walter Benjamin avait réfléchi en 1939 sur les effets induits par l’apparition des nouvelles possibilités techniques de reproduction des œuvres d’art.  Moins d’un siècle plus tard, les séries télévisées sont au cœur du développement des industries culturelles, qui sont en train de transformer la définition et les fonctions même de l’art. C’est bien une mutation du champ culturel, de ses hiérarchies et de ses fonctions qui est en train de s’opérer.

Les séries, qui ont pris le relais du cinéma en matière d’impact culturel global, n’ont pas fait l'objet d’une attention aussi importante de la part des chercheurs, bien que leur ambition morale et politique soit explicite et qu’un corpus de grandes séries – "classiques" – ait émergé depuis les années 1990. Tout comme la recherche et la critique ont longtemps sous-évalué les œuvres de fiction sérielle à quelques exceptions près, les systèmes de diffusion sous-estiment les spectateurs. Leur réception s’est construite non dans les salles obscures et publiques mais d’abord dans l’univers domestique, où la télévision est un meuble, les œuvres, des supports de publicité (le "soap") et le public, souvent des spectatrices. La série est un medium mineur, qui met en scène l’univers familial ou de la sociabilité proche. C’est en passant à la description d’univers professionnels (médicaux, juridiques, policiers, espionnage…) que les séries ont acquis une place nouvelle, devenant une ressource pour l’information et l’éducation du public.

La série Buffy contre les vampires, par exemple, a joué dans les années 1990 un rôle non négligeable pour la promotion de l’égalité des sexes et des sexualités auprès de son public adolescent ; les séries 24 h, démarrée au lendemain du 11 septembre 2001, Homeland, Fauda ont révélé les vulnérabilités des démocraties engagées dans une lutte globale contre le terrorisme ; en Europe, les séries Baron noir, La Fièvre ou Hippocrate (France), La Casa de Papel (Espagne), Esterno Notte (Italie) visent la formation politique d’un public devenu parfois cynique, voire un réenchantement de la vie démocratique. La série ukrainienne Serviteur du peuple a porté son showrunner Zelensky au pouvoir. La multiplication des séries post-apocalyptiques (The Walking Dead, The Leftovers, The Handmaid’s Tale, The Last of Us) signale une attention croissante aux effondrements environnemental, sanitaire ou politique. 

Le projet ERC Advanced DEMOSERIES a analysé un genre spécifique : les séries télévisées qui se déroulent "dans les coulisses" de régimes démocratiques confrontés aux menaces terroristes internes et externes depuis le 11 septembre 2001. En Europe, aux États-Unis, en Israël, le nombre de séries révélant les coulisses des régimes démocratiques aux prises avec le terrorisme est en constante augmentation. L'ambition de DEMOSERIES a été de modifier les perspectives politiques et morales sur la culture populaire en montrant comment elle se diffuse dans le cas de la sécurité et du terrorisme et de la surveillance. Elle crée des valeurs partagées et partageables à travers la circulation et la discussion d'un matériel accessible à tous ; elle est un facteur majeur dans la création et la préservation des espaces démocratiques en période de crise.

Plateformes de séries télévisées (source : BetaSeries)

La transformation morale du spectateur

Par Thibaut de Saint Maurice

Sous la direction de Sandra Laugier, je travaille à une thèse qui s’intitule Esthétique sérielle et transformation morale du spectateur. Je travaille sur un corpus de séries plus large que celui des séries sécuritaires sur lequel porte singulièrement le projet ERC DEMOSERIES. Toutefois, les séries sécuritaires constituent un excellent exemple de cet impact moral et politique des séries que j’essaie de cerner et de penser. 

Les séries sécuritaires familiarisent en effet les spectateurs avec un ensemble de menaces contemporaines qui pèsent directement sur les démocraties. Elles les familiarisent également avec le travail, plus ou moins ordinaire, des services de sécurité chargés de lutter contre ces menaces. Ainsi, des séries comme Homeland (Showtime, 2011-2020), Le Bureau des légendes (Canal +, 2015-2020) ou, plus récemment, Cœurs noirs (Prime Vidéo, 2023) ou encore The Undeclared War (BBC, 2023) fournissent des représentations communes et partagées de menaces complexes dont les fils se tirent le plus souvent dans l’ombre ou dans les coulisses du réel ordinaire des régimes démocratiques. En élargissant l’expérience de leurs audiences sur des sujets et des enjeux habituellement réservés à des experts, ces séries participent à l’extension du principe démocratique de transparence et contribuent à la formation des audiences citoyennes en les requalifiant dans leur responsabilité morale et politique. 
Comment des fictions, usant de tous les ressorts du storytelling et des artifices les plus divertissants, peuvent-elles avoir un tel impact ? Cela conduit à interroger plus largement la réception des séries télévisées, à enquêter sur la manière dont elles sont effectivement reçues et perçues par leurs audiences. 

À l’hiver 2022, l’ERC DEMOSERIES a donc mené une vaste enquête de réception, avec le soutien des sociologues Hervé Glévarec (CNRS – Cerlis) et Clément Combes (Université Sorbonne-Nouvelle – Irmeccen). J’ai longuement travaillé avec eux à l’analyse des résultats et notamment au traitement des questions ouvertes que comportait le questionnaire sur les "effets des séries" sur celles et ceux qui les regardent. Il apparaît ainsi que plus des deux-tiers des spectateurs français de séries s’accordent sur le fait que les séries qu’ils regardent les marquent et les font réfléchir. Un tiers va même jusqu’à reconnaître qu’une série a déjà modifié sa "vision du bien et du mal".

Loin de les réduire à un simple effet de divertissement, d’évasion ou de suspension du réel, les enquêtés font donc majoritairement état de la façon dont les séries qu’ils regardent élargissent leur expérience et affinent leur perception de différents registres du réel (social, professionnel, politique, relationnel). Les séries regardées, citées et commentées par les enquêtés constituent ainsi pour eux des ressources de familiarisation avec les complexités sociales, politiques, morales, relationnelles qui tissent la réalité dans laquelle ils vivent. Il devient donc possible de penser que si les séries sont tant regardées par les Français, ce n’est pas tant qu’elles s’imposent à eux comme des armes de captation massive de leur temps de cerveau disponible, mais au contraire comme les moyens d’un apprentissage, voire d’une émancipation individuelle et collective. 

Ce travail, dans sa dimension philosophique et par son aspect sociologique, s’inscrit donc dans une "philosophie de la réception" qui reste à caractériser précisément, mais qui puise à la fois dans les réflexions d’un Umberto Eco et dans la philosophie du cinéma de Stanley Cavell. Il devient possible de penser et de décrire une puissance morale et politique de ces fictions populaires, à l’endroit même – la télévision, élargie aux plateformes de streaming – où, depuis longtemps, on les soupçonne d’aliéner leurs audiences. 

Dans le cas singulier des séries sécuritaires, cela permet de comprendre comment mettre en scène la vulnérabilité des démocraties libérales peut pourtant contribuer à leur renforcement. Parce que l’attachement aux séries, à travers l’attachement à leurs personnages et à leur esthétique singulière des coulisses, régénère la vie démocratique ordinaire.

RECO+ : culture populaire et intelligence artificielle

Par Sandra Laugier, porteuse du projet

Les formes de vie des téléspectateurs se sont profondément modifiées ces deux dernières décennies avec l’introduction des chaînes câblées puis du numérique, et avec le développement des plateformes. Ces dernières ont sans doute renforcé la place des productions anglophones mais ont aussi suscité la circulation des séries turques, coréennes, israéliennes ou africaines, qui ont leurs fans dans tous les pays. Mais aujourd’hui, face à une offre massive et démultipliée, les spectateurs ont de plus en plus de mal à choisir de façon autonome les séries qu’ils souhaitent regarder. Plus de 30% des spectateurs prennent ainsi plus de 30 minutes à trouver leur prochaine série à voir après en avoir terminé une ! Et si l’on tient compte du fait qu’ils utilisent différentes offres (2,2 offres de SVOD [Subscription Video On Demand] en moyenne), cela rend la recommandation incomplète et frustrante. Le spectateur devient plus exigeant et sensible à de nouveaux critères d’évaluation, également non traités par les outils actuels, comme le type d’expérience esthétique proposé, les thèmes abordés, les genres hybrides, ou les objectifs visés (éthiques, éducationnels).

Or, les outils de recommandation automatique ont un impact majeur sur l’utilisation des plateformes de streaming vidéo. On estime que, sur Netflix, 80% du temps de visionnage est la conséquence d’une recommandation. L’un des problèmes des systèmes existants est qu’ils reposent souvent sur des algorithmes simples ne prenant en compte qu’un ensemble limité de facteurs, tels que les évaluations passées de l’utilisateur ou la popularité de la série (entendue d’une manière simpliste). Ils ne parviennent donc pas à recommander des séries que l’utilisateur pourrait apprécier ; ou, comme on le sait, ils peuvent recommander des séries similaires à celles que l’usager a déjà vues ou à ce que d’autres usagers qui aiment la série aiment également, mais pas nécessairement ce que l’usager aimerait regarder ou découvrir.

Temps nécessaire pour trouver une nouvelle série, après en avoir fini une autre (1000 votes - 28 février 2022, source BetaSeries) :

Temps séries

Dans ce contexte et avec ces résultats, il est urgent est de mettre en lumière des critères spécifiques pour offrir des recommandations précises et adaptées aux utilisateurs. L’équipe DEMOSERIES et l’ISJPS ont ainsi construit avec l’IRL Japanese-French Laboratory for Informatics (JFLI) de Tokyo, dirigée par Philippe Codognet, en partenariat avec la plateforme de recommandation BetaSeries, un projet interdisciplinaire : RECO+.

Ce projet vise la création d'un système d'intelligence artificielle capable de traiter de gros volumes de données textuelles et vidéo afin d'identifier de nouvelles catégories, telles que les types de scènes, la présence d'objets particuliers, les styles de dialogues, l'ambiance et les émotions. Ces catégories seraient plus riches et pertinentes que celles actuellement disponibles dans les bases de données existantes, comme IMDb. Elles permettraient d'améliorer la recommandation en respectant la compétence des publics, et en se basant sur le contenu des séries et sur la qualité du corpus au lieu du comportement des usagers.

L'innovation se situe à trois niveaux, articulant le culturel, l’industriel et l’intelligence artificielle :

  • sur le plan culturel, en mettant en valeur la richesse du contenu de la culturelle sérielle populaire ;
  • sur le plan éthique et social, en donnant plus de poids au jugement du spectateur ordinaire et en lui permettant d'évaluer les séries en fonction de son expérience et de ses préférences ;
  • sur le plan technologique, grâce à un moteur de recherche basé sur l’intelligence artificielle pour analyser le contenu des séries, plutôt que sur les similitudes entre les profils d'utilisateurs ou leur historique de visionnage.

L’idée de redonner du pouvoir au citoyen et usager sur la recommandation puise ainsi directement dans la compréhension développée par l’ERC Demoseries de l’impact des séries et dans les résultats de ses enquêtes de réception des séries du genre source et de l’enquête ethnographique en cours sur les commentaires et likes sur internet. 

Le projet RECO+, soutenu par CNRS Innovation dans le cadre du programme Prematuration, vise ainsi à mettre en place un prototype avancé de recommandation de séries ainsi qu’un ensemble d’outils répondant tout autant aux exigences croissantes de l’industrie des séries qu’aux besoins et intérêts des téléspectateurs.  

L’objectif est double :

  • améliorer le niveau de recommandation des séries, en changeant de paradigme pour l’élargir à des critères d’ordre sociétal et éthique (inclusivité, diversité, durabilité, neutralité face aux plateformes) ;
  • élargir l’innovation et la réflexion sur la recommandation et la critique à d’autres contenus audiovisuels et à d’autres secteurs culturels. 

EUPRAXIE : les industries culturelles et créatives, une réponse aux crises de la société ?

Par Sandra Laugier, porteuse du projet

Le lancement du PEPR ICCARE par le CNRS et de son projet ciblé EUPRAXIE ont été l’occasion pour l’ISJPS de développer les recherches de DEMOSERIES sur les séries TV dans une direction nouvelle, en les élargissant à la culture populaire. Les industries culturelles et créatives (ICC) sont l’une des filières les plus dynamiques de l’économie française. Elles doivent faire face à de nombreux défis, dont le numérique, et seront au cœur des expériences culturelles et des processus de production de demain.  

EUPRAXIE, porté par le CNRS et l’ISJPS, a pour vocation de répondre au défi du PEPR intitulé "Surmonter les crises : bien-être, démocratie, résilience". Mon pari est que la recherche sur/avec les ICC peut aider à apporter des réponses, à trouver des solutions concrètes aux crises et urgences du présent. Les ICC, par leur impact inégalé sur toutes les générations et tous les milieux sociaux, ont un rôle à jouer dans la transmission et le partage des valeurs, dans la sensibilisation aux menaces (environnement, guerres), dans l'inclusion et la diversité. En évaluant l’impact des produits des ICC sur l’évolution des sociétés, en élaborant de nouveaux indicateurs de qualité de vie incluant l’accès et la contribution à la culture populaire, en enquêtant sur la capacité des ICC à être investies comme leviers dans le développement des compétences des citoyens, dans le soin à la vie collective, dans la production du bien-être… EUPRAXIE veut montrer comment les ICC relèvent de processus essentiels pour la résilience des sociétés.

Les sociétés dépendent pour leur vie démocratique du développement des ICC, qui se sont souvent révélées un outil d'analyse des crises politiques et sociales et, au plan global, un outil de résistance dans les régimes autoritaires (Iran, Chine, Russie, et désormais États-Unis). Dans un contexte de crise et de mutations politiques en Europe, EUPRAXIE défend l'idée que les ICC, loin d’être, comme on les en soupçonne souvent, des lieux d’évasion ou d’aliénation, sont une source de richesse, d'esprit critique et motrices d’un "sentiment d’appartenance européen", de création de valeurs communes. 

Après 15 ans de recherche sur la démocratie radicale, définie non comme ensemble d’institutions mais comme ancrée dans les capacités et l’autonomie des citoyens ; après 10 ans de recherche sur les séries TV, conçues comme laboratoire d’éducation morale et politique, c’est bien une réflexion sur la démocratie culturelle qui m’a amenée à proposer ce projet EUPRAXIE, pour mobiliser les capacités citoyennes que les industries culturelles et la culture populaire renforcent et entraînent. 

L’enjeu en a bien été exposé par Thomas Jolly au moment des JO : "la rencontre entre ces deux types d’art – l’art académique, plus institutionnel, et l’art pop, urbain, moderne –" non seulement "crée de la beauté", mais aussi de la bienveillance, du care, en prenant soin d’une société divisée. La culture doit être reconnue comme produit de première nécessité. Cette capacité à contribuer au maintien des formes de vie solidaires et créatives est sa première qualité démocratique – méconnue par des pouvoirs institutionnels et intellectuels souvent condescendants envers des produits qui ne sont pas marqués du sceau du grand art et sont liés au développement numérique. Je crois en la résilience des sociétés par les ICC mais aussi en la résilience des ICC elles-mêmes, et en leur capacité à être sources de bien-être comme de créativité.

Pour en savoir plus :

DEMOSERIES - Shaping Democratic Spaces: Security and TV series.
Projet soutenu par l’European Research Council (ERC Advanced Grant) et hébergé par l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
L’équipe : Camille Braune (assistante de recherche), Alexandre Diallo (post doctorant), Quentin Gervasoni (post doctorant), Sandra Laugier (porteuse du projet), Thibaut de Saint Maurice (doctorant), Tatsiana Zhurauliova (post doctorante)
Site web DEMOSERIES : https://demoseries.pantheonsorbonne.fr/ 

RECO+ - Smart Series Recommendation Tool
L’équipe : Agathe Chabrol (ingénieure CNRS), Philippe Codognet (IRL JFLI, CNRS Tokyo), Camille Guinaudeau (LISN, Saclay), Sandra Laugier (porteuse du projet), Maxime Vallette, Rémi Tereszkiewicz (BetaSeries).
Le projet : https://demoseries.pantheonsorbonne.fr/reco 

EUPRAXIE. Surmonter les crises : bien-être, démocratie, résilience :
L’équipe : Sylvie Allouche (post doctorante), Loïs Rekiba (doctorant), Hervé Glévarec (CNRS), Sandra Laugier (porteuse du projet), Vanessa Nurock (Université Côte d'Azur), Albert Ogien (CNRS), Pascale Thumerelle (fondatrice de Respethica), Sami Zegnani (Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis).
Le projet : https://isjps.pantheonsorbonne.fr/eupraxie-surmonter-crises-bien-etre-democratie-resilience
Le projet sur le PEPR ICCARE : https://pepr-iccare.fr/crises-et-resilience/
Lire l’article de Sandra Laugier, « La cérémonie d’ouverture des JO est un troisième tour esthétique des législatives », Le Monde, 01/08/2024 (Article réservé aux abonnés).

----------------
Le contenu de cet article a été diffusé initialement dans La Lettre de l'ISJPS n° 22 « Démocratie culturelle » (décembre 2024) La Lettre de l’ISJPS porte tous les deux mois un regard approfondi sur les activités de recherche de l’UMR.
> Consulter tous les numéros de La Lettre de l'ISJPS.
L'Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne (ISPJS) est une unité mixte de recherche pluridisciplinaire réunissant juristes et philosophes. Il développe une réflexion transversale sur le devenir des normes et des catégories face aux défis du monde contemporain.
> https://isjps.pantheonsorbonne.fr/