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Un regard transdisciplinaire sur les questions de genre en finance

Le projet « Finance et société » réunit des chercheuses et chercheurs des départements d’économie, de gestion, d’histoire et de langues étrangères appliquées des trois institutions membres de Sorbonne Alliance : Sorbonne Nouvelle, Paris 1 Panthéon-Sorbonne et ESCP Business School. Un premier atelier consacré au thème « Femmes et finance » s’est déroulé le 6 septembre 2023 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Le projet de recherche « Finance et société » est porté par Gunther Capelle-Blancard, économiste, professeur à Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Centre d’économie de la Sorbonne UMR 8174), Jézabel Couppey-Soubeyran, économiste, maîtresse de conférences à Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Centre d’économie de la Sorbonne UMR 8174), Laurence Harris, civilisationniste et analyste du discours, maîtresse de conférences à Sorbonne Nouvelle (laboratoire CREW) et Christophe Moussu, professeur de finance à ESCP Business School.

Les chercheurs et chercheuses ont choisi de décliner leur thématique de recherche en deux grands sujets : « Femmes et finance » et « Banques centrales et bien commun », traités dans le cadre d’un atelier qui s’est tenu le 6 septembre dernier au centre Panthéon et d’un colloque international qui sera organisé début 2024. Ces deux événements sont financés dans le cadre du dispositif d’appel à projets Sorbonne Alliance lancé en 2022, destiné à soutenir les collaborations de recherche entre chercheurs ou enseignants-chercheurs des trois établissements membres.

Femmes et finance

L’atelier « Femmes et finance » s’est articulé autour de huit présentations académiques en anglais organisées en deux sessions et une table ronde, en présence de l’économiste Renée Adams, professeure de finance à l’Université d’Oxford, qui en était l’invitée d’honneur. Des universitaires internationaux en sciences économiques, en sciences de gestion, en sciences comportementales, en science du langage ou en histoire ont présenté des contributions récentes sur les études de genre en finance et, notamment, celles concernant les stéréotypes en matière de comportement financier et la sous-représentation des femmes dans les postes à responsabilité.
Bien que la question de l'émancipation économique des femmes ait fait l'objet d'une attention particulière ces dernières années, force est de constater que les femmes, aujourd’hui encore, continuent de se heurter à de nombreuses difficultés pour accéder à des postes de direction dans les entreprises, en particulier dans les institutions bancaires et financières. Cette journée d’étude a été l’occasion d’explorer et d’analyser les obstacles auxquels les femmes sont confrontées et de discuter des leviers existants pour progresser vers l'égalité des sexes.

Rencontre avec Gunther Capelle-Blancard, économiste à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, l’un des porteurs du projet « Finance et société ».

Pouvez-vous nous présenter la genèse et les objectifs scientifiques de votre projet ?

Gunther Capelle-Blancard : Le programme de recherche « Finance et société » a été lancé il y a une dizaine d’années dans le cadre initialement du Labex ReFi (laboratoire d’excellence) qui liait, déjà, notre université et l’ESCP. Ce programme faisait évidemment suite à la grave crise financière de 2007-2008 qui appelait à étudier la finance autrement que par le prisme de l’évaluation des actifs financiers et l’analyse des performances boursières. Les thématiques couvertes par nos équipes de recherches portent sur la régulation et la stabilité financière, l’effet des politiques monétaires, la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, le financement de la transition écologique, etc. L’appel à projet a été l’occasion pour nous d’organiser deux évènements qui nous tenaient à cœur : le premier donc sur les questions de genre en finance, et le second sur l’action des banques centrales. Ces deux thématiques nous paraissent importantes, un peu en retrait par rapport aux questions climatiques, alors que des liens existent.

Quelles sont les principales conclusions du premier atelier « Femmes et finance » ?

Gunther Capelle-Blancard : Qu’il y a toujours beaucoup de travail pour lutter contre les préjugés ! Comme le rappelait notre invitée d’honneur, Renée Adams, la littérature en économie peine à se défaire des stéréotypes de genre, y compris une bonne part de la littérature qui se veut (fort légitimement) plus diverse et inclusive. Ainsi, depuis quelques années, entend-on fréquemment que la crise financière de 2007-2008 aurait pu être évitée si plus de femmes avaient alors été à la tête des banques, que les entreprises seraient plus soucieuses de leur impact social et environnemental si plus de femmes siégeaient aux conseils d’administrations… Or la recherche montre que ce n’est pas forcément le cas et que cela doit être mis en place avec beaucoup de précautions. On ne luttera pas efficacement contre les stéréotypes, en mobilisant d’autres stéréotypes. Ce type de discours, en plus d’être paradoxal est contre-productif.
Un autre écueil à éviter est de promouvoir la diversité (de genre ou autre) au motif qu’elle serait « profitable » à l’entreprise, au sens propre. Or ce qui a été justement rappelé par Renée Adams et la plupart des intervenantes et intervenants, c’est que c’est d’abord une question de justice sociale, avant d’être une question économique.

Votre projet s’inscrit dans une démarche transdisciplinaire et même interuniversitaire dans le cadre de Sorbonne Alliance, quelle est la plus-value d’une telle démarche pour vos recherches ?

Gunther Capelle-Blancard : Je ne saurais dire s’il s’agit d’une démarche trans/pluri/multi/interdisciplinaire, je ne suis au fond moi-même qu’économiste. Mais je me suis toujours intéressé aux regards portés par les autres disciplines sur l’économie, et réciproquement à ce que l’analyse économique pouvait apporter aux autres sciences. Cet appel à projets était donc une belle occasion à saisir pour nouer des contacts avec nos collègues. Et pour ce qui est plus spécifiquement de la problématique « femmes et finance », les approches des historiens et des sociologues nous apportent beaucoup sur la question clé des stéréotypes, la façon dont ils se forment et perdurent.


A propos de Sorbonne Alliance

Construit depuis 2018, Sorbonne Alliance s’est concrétisée par la publication au début de l’année 2021 de la convention de coordination territoriale signée entre les trois établissements fondateurs. Les objectifs et principes d’action sont les suivants :

  • concrétiser l’ambition de devenir l’une des plus importantes entités de formation et de recherche en sciences humaines et sociales à l’échelle nationale et européenne ;
  • affirmer le choix d’un regroupement sous la forme d’une organisation souple, flexible, réactive, adaptable et modulable afin de permettre de travailler à plusieurs tout en conservant une totale liberté de mouvement, en lien avec d’autres institutions (Campus Condorcet par exemple) ;
  • construire des communautés scientifiques tournées vers l’innovation et le développement de synergies entre institutions de cultures diverses ;
  • penser global, donc aborder les problèmes des sociétés dans leur évolution planétaire en se projetant à l’horizon 2030.

A Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Sorbonne alliance est coordonnée par Jean-Marie Le Gall, chargé de mission auprès de la présidence de l’université et Kareen Illiade, ingénieure pédagogique et de recherche.

La date limite de candidature à L’appel à projets 2023 de Sorbonne Alliance est fixée au 30 septembre 2023 > En savoir plus.

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