Prix Michel Serres de thèse interdisciplinaire
Chaque année, la Fondation Michel Serres-Institut de France récompense une thèse de doctorat faisant appel à l’interdisciplinarité. Stéphanie Barbier, docteure en histoire de l'art à Paris 1 Panthéon-Sorbonne a été distinguée pour la première édition en 2024. L'appel à candidature de la deuxième édition est ouvert jusqu'au 1er février 2025.
En 2024, la Fondation Michel Serres a souhaité créer un « Prix Michel Serres de thèse interdisciplinaire » d’un montant de 3 000 euros, destiné à récompenser une thèse de doctorat faisant appel à au moins une discipline de sciences exactes telle que à titre non exhaustif, les mathématiques, la physique, la chimie, l’informatique ou les sciences du vivant et au moins une discipline de sciences humaines et sociales telle qu’à titre non exhaustif la philosophie, la sociologie, l’anthropologie, la littérature, l’histoire ou la géographie.
Le prix est attribué par le conseil d’administration de la Fondation Michel Serres – Institut de France, présidé par le Chancelier de l’Institut, après délibération du jury.
Les dossiers de candidature sont à envoyer sous forme électronique au plus tard le 1er février 2025.
> Appel à candidature et informations : Prix Michel Serres de thèse interdisciplinaire 2025
Stéphanie Barbier, lauréate 2024 pour sa thèse : Des plasticités de l’optique en photographie (1890-1957)
Menée sous la direction de Michel Poivert (Paris 1 Panthéon-Sorbonne), la thèse de Stéphanie Barbier vise à définir les formes et usages de l'optique en photographie entre l'Allemagne et les États-Unis où l'industrie a connu les développements les plus significatifs à partir de 1890, notamment, l'apparition des anastigmats.
Stéphanie Barbier a suivi ses études doctorales au sein de l'école doctorale d’histoire de l’art (ED 441), elle était rattachée à l'unité de recherche HiCSA (Histoire culturelle et sociale des arts). Elle a soutenu sa thèse le mercredi 29 novembre 2023 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Résumé de la thèse
Le terme d’optique en photographie s’entend aussi bien comme une notion de physique, une question instrumentale, un enjeu de perception ou une problématique conceptuelle, ce qui l’a toujours rendu difficile à appréhender du point de vue de l’histoire de l’art. Cette thèse tente de surmonter cette difficulté et propose de considérer l’optique comme une culture restée peu visible dans l’histoire du médium. L’enjeu consiste à mieux en cerner les formes et les usages dans la première moitié du XXe siècle. Partant du constat que l’optique se lit plus volontiers qu’elle ne s’observe à partir d’un corpus d’images, notre recherche s’appuie sur une littérature faite de manuels et d’articles théoriques, issus entre autres du mensuel suisse Camera et de l’annuel allemand Das Deutsche Lichtbild. L’étude se concentre sur les écrits de photographes soucieux de transmettre leurs connaissances et leurs savoir-faire autour de la maîtrise de la lumière. Nous avons choisi de la circonscrire aux scènes allemandes et américaines où l’industrie connut les développements les plus significatifs à partir de 1890 ‒ et l’apparition des anastigmats à Iéna ‒ jusqu’à l’aube des années soixante. Ainsi, en plaçant la mire du côté des protocoles et du matériel y ayant trait, une nouvelle lecture de l’histoire du médium se dessine. Cette dernière mobilise des figures de fins techniciens longtemps restés dans l’ombre à l’instar de Karl Struss, Carlotta Corpron ou Fred Koch et nous invite à opérer des rapprochements inattendus entre des artistes qui se rejoignent dans les choix instrumentaux qu’ils opèrent, ou dans le plaisir qui les pousse à perfectionner eux-mêmes les dispositifs dont ils ont besoin. Certains collaborent avec les fabricants de matériel. Dès lors, l’expérimentation optique joue à plein. La lumière intervient tant comme un matériau que comme un sujet de création. Qu’elle soit naturelle, stroboscopique, polarisée, réfléchie, etc., elle est à l’origine de protocoles photographiques pluriels et féconds.