Printemps des Humanités : Une passerelle entre les SHS et la société

Le Printemps des humanités est un festival dédié aux sciences humaines et sociales organisé sur un campus dont c’est précisément la raison d’être, puisque que le Campus Condorcet a été voulu et créé en 2019 par onze établissements phares des SHS, dont l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il héberge aujourd’hui une centaine d’unités de recherche et accueille quotidiennement environ 12 000 étudiants, chercheurs, enseignants-chercheurs, visiteurs et utilisateurs. Mais le Campus Condorcet n’est pas une tour d’ivoire de chercheurs et de chercheuses, comme a souhaité le rappeler son président Pierre-Paul Zalio en introduction du festival : « Le Campus Condorcet est un campus ouvert à la société, au territoire, au débat, où se succèdent au fil de l’année plus de 900 événements, colloques, séminaires, conférences, expositions, débats publics, projections. La vocation du Campus à partager les connaissances et à recevoir du public est inscrite dans ses textes fondateurs. Cette volonté d’ouverture est ressentie par la communauté scientifique comme une mission et une nécessité ». Une volonté illustrée par la formule proposée par Danielle Tartakowsky, présidente du conseil scientifique du campus, au sujet du Printemps des Humanités : « Remettre les SHS au cœur de la cité ». Pour Pierre-Paul Zalio, l’objectif de ce festival se trouve au croisement de trois attentes de la société : « Une demande de connaissances, une demande de participation en tant que partie prenante aux échanges et aux débats et une demande de reconnaissance par les sciences qui étudient la société et ses acteurs ».

Prendre soin

Cette première édition du festival a invité les publics à questionner le « prendre soin », sous-entendu le prendre soin des uns et des autres, une des clés des sociétés humaines et une thématique centrale et commune aux différents établissements et unités de recherche du Campus Condorcet. Scandales sanitaires, crises climatiques, politiques publiques de santé et d'accès au soin… autant d’enjeux sociaux contemporains appelant une réflexion collective, avec le public et avec la recherche. « La santé est une thématique politique prioritaire et essentielle, c’est aussi une thématique de première importance en SHS. La question des inégalités sociales devant la vie et la mort, des inégalités sociales de santé et accès aux soins, nous confrontent à un croisement qui est celui de notre nature biologique et de notre constitution et institutionnalisation sociale. C’est un angle, qui est aussi un prisme, des politiques publiques, des enjeux géopolitiques ou des constructions anthropologiques » a souligné le président du campus.

Conférences, tables ronde, expositions, recherches-création, siestes sonores et concerts ont jalonné les trois journées et trois soirées du festival. Le programme scientifique a éclairé de nombreux sujets liés à la santé, avec notamment la discussion entre Nicolas Revel, directeur de l'AP-HP et du sociologue Daniel Benamouzig. Ou encore les conférences d’Irène Frachon pneumologue et lanceuse d’alerte sur l’affaire du Médiator et de l’épidémiologiste Luc Multigner sur le scandale sanitaire et écologique de la chlordécone. Sylvain Bourmeau, professeur associé à Paris 1 Panthéon Sorbonne et directeur d'AOC, a animé une discussion sur le big data et l’IA en santé publique avec le philosophe et historien des sciences Mathieu Corteel et le sociologue Emmanuel Didier. Au total, une vingtaine de conférences ont été organisées sur les trois jours.

Entre le scientifique et l’artistique

Les parcours culturels ont quant à eux permis d’aborder la thématique du prendre soin au travers de la musique et de plusieurs expositions. Notamment Navigating the system qui raconte comment les habitants des canaux de Londres naviguent à la fois sur les cours d’eau et dans le système bureaucratique de santé britannique. L’exposition Dukreben du collectif Les Allumeur.e.s, en partenariat avec l'Institut Converges Migrations, présente le fruit d’un an de travail auprès des habitants des villages d'insertion Rom d’Aubervilliers et de Saint-Ouen et d’enfants scolarisés dans les classes mobiles de l’Aset 93.

En combinant activités scientifiques et culturelles et en variant les formats de rencontres et de débats, le Printemps des Humanités a ouvert un nouvel espace d’échanges intellectuels, artistiques et citoyens, en rassemblant pendant trois jours un large public composé de scientifiques, d’étudiants, de scolaires, d’acteurs publics, de professionnels et d’associatifs, d’artistes, de curieux et de riverains. Cette première édition marque le début d’un rendez-vous régulier à inscrire dans l’agenda scientifique de notre université, dans sa volonté de partager ses connaissances et dialoguer avec la société.

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Pour en savoir plus :

• Le site internet du Printemps des Humanités
• Le dossier dans Libération