La Nuit des idées éclaire l’université

Portée par l’Institut français, la Nuit des idées rassemble chaque année, penseurs, artistes, diplomates, personnalités politiques, journalistes en France et dans le monde, autour d’un objectif commun : celui d’échanger les savoirs, de débattre de questions en prise avec l’actualité, de célébrer ensemble la libre circulation des idées. C’est dans cette dynamique que l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et ses partenaires : l'université Sorbonne Nouvelle, la mairie du 5e arrondissement, la bibliothèque Sainte-Geneviève, la bibliothèque Cujas, Les Déviations et Analyse Opinion Critique (AOC), se sont mobilisés cette année encore pour proposer une Nuit des idées riche en intervenants afin d’évoquer des questions au cœur des préoccupations de notre université.

Toujours plus, toujours moins

Proposée et animée par Ariane Dupont-Kieffer, vice-présidente déléguée chargée de la Responsabilité sociétale à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, avec la participation de l’École des arts de la Sorbonne et l’UFR Arts et Médias de l’université Sorbonne Nouvelle, la table ronde « TOUJOURS + / TOUJOURS - » a exploré les questions urgentes suscitées par le thème de cette 8e édition de la Nuit des idées : « Plus ? ». Ariane Dupont-Kieffer et Antonella Tufano, têtes pensantes de cette table ronde, ont choisi de traiter cette question du « toujours plus » au travers de deux prismes. Le premier est le « toujours moins », car la méthodologie de la controverse est utilisée depuis longtemps dans des disciplines comme la philosophie ou l’histoire. Le deuxième prisme est celui du développement durable et de ses trois piliers, en questionnant : la croissance économique autour de la notion de valeur ; notre rapport à l’environnement et l’écologie ; le capital humain ; et ce qui fait tenir ces trois piliers, le vivre ensemble.

La première partie de la table ronde consacrée au capital humain a traité la question de notre rapport à la technologie. En quoi le « toujours plus de technologie » change notre manière d’être ou pas, ce que cela fait au lien social, à notre manière d’être ensemble. Caroline Moricot, maîtresse de conférences et sociologue des techniques à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, explique que ce « toujours plus de technologie » s’inscrit dans un cadre de pensée qui nous conduit à valoriser le progrès, à mettre en avant l’efficacité, la puissance, la rapidité, la sécurité et qu’au nom de cet ensemble de valeurs, nous essayons continuellement d’imaginer des solutions techniques pour atteindre ces objectifs. Mais nous nous rendons compte aussi qu’il y a des contreparties, puisque tout cela engage aussi à plus de contrôle, de surveillance, de dépendance, de pollution.

Laurence Allard, maîtresse de conférences en sciences de la communication à l’université de Lille a quant à elle évoqué la pensée de Donna Haraway, connue pour son Manifeste cyborg : science, technologie et féminisme socialiste à la fin du XX^e siècle, un essai publié en 1985 considéré comme le premier manifeste queer, puisqu’elle y propose de transgresser les grands partages (technique/nature ; homme/femme) en imaginant des hybridations, des assemblages, des recombinaisons, une figure transgressive du cyborg qui serait une vision hybride mi-humaine mi-machine.

La question de la valeur autour de la nature a été traitée dans un premier temps par l’essayiste et romancière Céline Curiol sur le thème de la créativité pour démultiplier les formes du durable. Kira Kitsopanidou, professeure des universités à Sorbonne Nouvelle a elle développé une réflexion sur la conscientisation écologique du milieu du cinéma. Un mouvement provoqué notamment par la plateformisation et la mondialisation qui a généré une accélération de la production audiovisuelle et de la consommation de contenus. En 20 ans, la production cinéma en France a plus que doublé et la production de série aux USA a été multipliée par trois.

La ville et l’espace urbain ont été abordés dans deux thématiques consacrées à la multiplication des espaces impensés pour activer la créativité urbaine et la décentralisation des villes, avec les interventions de Patrick Rubin, architecte chez Canal Architecture et Patrick Braouzec, ancien député de la deuxième circonscription de Seine-Saint-Denis.

En conclusion, la question du vivre ensemble a réuni Léonard Antony, spécialiste de l’attention au travail, Pierre Michel Riccio, professeur à l’École des Mines d’Alès et Kenza Occansey, vice-président du Conseil économique social et environnemental, autour de trois questions fondamentales de notre temps : « Comment apprendre vivre en étant moins connecté ? Quels sont les enjeux d'éco responsabilité des connexions ? Quel débat public à l’ère des réseaux sociaux ? ».

Cette Nuit des idées s’est déployée dans d’autres salles et amphithéâtres du centre Panthéon pour explorer d’autres sujets en lien avec les grands enjeux sociaux et écologiques de notre temps. Des moments de réflexion et de dialogues, générateurs d’idées pour construire nos futurs soutenables et partagés.

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