L'Institut Universitaire de France accueille les nouveaux membres de sa 34e promotion
Le 18 octobre dernier a eu lieu la cérémonie d’installation de la 34e promotion de l’Institut Universitaire de France (IUF) dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. L’occasion pour les neuf lauréats et lauréates de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne de recevoir leurs médailles.
La cérémonie a été rythmée par plusieurs temps forts. L’administrateur de l’Institut Universitaire de France Elyès Jouini et le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Patrick Hetzel ont donné un discours d’introduction. Deux conférences ont été dispensées par deux membres de l’IUF, Frédérick Douzet professeure de géopolitique à l’Université Paris 8 et William Marx professeur au Collège de France sur la chaire Littératures comparées. Elisabeth Bouchaud, Benoît Di Marco et Imer Kutlovci ont joué deux extraits de la pièce de théâtre Exil intérieur d’Elisabeth Bouchaud. Enfin, les lauréats et lauréates se sont vu remettre leurs médailles.
Devenir membre de l’IUF, un réel atout pour les chercheurs et chercheuses
Pendant cinq ans, les lauréats et lauréates de la promotion 2024 deviennent membres de l’IUF. Cette nomination représente à la fois une distinction dans le monde de la recherche et un encouragement pour la poursuite de travaux. Il s’agit d’apporter du soutien et de la reconnaissance aux chercheurs et chercheuses tout en leur permettant de continuer leurs activités dans leurs universités. Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche a tenu à rappeler le lien étroit entre recherche et enseignement, un lien facilité par la nomination à l’IUF.
Plus d’inclusivité dans le monde de la recherche
Dans les différents discours, la volonté d’inclusivité de l’Institut a été mise en avant. L’administrateur de l’IUF a rappelé que la contribution à la féminisation de l’enseignement supérieur français est une des missions de l’Institut Universitaire de France. En effet, cette année la parité est presque respectée dans la promotion junior et en progrès dans la promotion senior. Elyès Jouini a insisté sur l’importance de la prise en compte des considérations de l’équilibre de genre dans l’accompagnement des futurs lauréats et des futures lauréates. De plus, la 34e promotion de l’IUF est composée de chercheurs et chercheuses provenant de l’ensemble du territoire français. Cette variété de profils, d’universités et donc de lauréats et lauréates encourage la diversité disciplinaire qui « [lorsqu’elle est] couplée avec l’excellence fait de l’institut universitaire de France l’un des lieux privilégiés pour penser et renforcer les rapprochements entre disciplines et favoriser ainsi l’éclosion d’approches transdisciplinaires » comme l’a indiqué Elyès Jouini.
Célébrer l’excellence de la recherche universitaire française
Entre 1991 et 2004, seulement 40 membres étaient nommés contre 200 depuis 2023 et en 2024, 100 membres junior et 100 membres senior répartis entre trois chaires, la chaire fondamentale, la chaire d’innovation et la chaire de médiation scientifique. Le nombre de lauréats et lauréates ayant considérablement augmenté, les candidatures à différents projets nationaux et internationaux sont également plus nombreuses. En 2022, 15 projets ERC ont été obtenus par des membres de l’IUF. La nomination des neuf lauréats et lauréates de Paris 1 Panthéon-Sorbonne est d’autant plus prestigieuse.
Les lauréats et lauréates de Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Membres juniors, lauréats au titre de la chaire fondamentale :
- Sébastien Schick, maître de conférences en histoire et civilisations à l'École d'histoire de la Sorbonne, membre de l'IHMC : Institut d'histoire moderne et contemporaine (UMR 8066) ;
- Paul Vo-Ha, maître de conférences en histoire et civilisations à l'École d'histoire de la Sorbonne, membre de l'IHMC : Institut d'histoire moderne et contemporaine (UMR 8066).
Membres seniors, lauréats et lauréates au titre de la chaire fondamentale :
- Magali Bessone, professeure des universités en philosophie à l'UFR de Philosophie, membre de l'ISJPS : Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne (UMR 8103) ;
- Tobias Broer, professeur des universités en sciences économiques à l'École d'économie de la Sorbonne ;
- Muriel Fabre-Magnan, professeure des universités en droit privé et sciences criminelles à l'École de Droit de la Sorbonne ;
- Robert Gary-Bobo, professeur des universités en sciences économiques à l'École d'économie de la Sorbonne, membre du CES : Centre d'économie de la Sorbonne (UMR 8174) ;
- Didier Georgakakis, professeur des universités en science politique à l'École de Science politique de la Sorbonne, membre du CESSP : Centre européen de sociologie et de science politique (UMR 8209) ;
- Pierre-Marie Morel, professeur des universités en philosophie à l'UFR de Philosophie, membre de GRAMATA Antiquité, moyen-âge, transmission Arabe - Équipe interne de SPHERE (UMR 7219) ;
- Dominique Valérian, professeur des universités en histoire et civilisations à l'École d'Histoire de la Sorbonne, membre de Orient et Méditerranée (UMR 8167).
Témoignage de Sébastien Schick, membre junior de la chaire fondamentale
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le projet de recherche pour lequel vous êtes nommé membre junior de l’IUF ?
Sébastien Schick : Mon projet porte sur le projet d’élection de Joseph d’Autriche comme roi des Romains, au milieu du 18ème siècle. A l’époque moderne, l’empereur du Saint-Empire était en effet élu, et dans les années 1750, l’Angleterre et les Habsbourg cherchèrent à faire élire Joseph comme roi des Romains, c’est-à-dire comme successeur désigné de l’empereur. Toutefois, nombre de princes s’opposèrent à cette élection, ce qui conduisit à de nombreuses négociations diplomatiques dans l’Empire et en Europe. Surtout, l’élection devint un objet de fascination pour l’opinion publique, un véritable feuilleton, que l’on suivait dans les gazettes et les mercures européens. Enfin, le projet suscita aussi un vaste débat intellectuel, philosophique et juridique, sur la légalité et la légitimité de l’élection. Mon projet vise à comprendre comment ces différents espaces et ces différents acteurs – le monde de la diplomatie, de la presse, des universités, les juristes ou les philosophes des Lumières – se saisissent de ce même objet, et comment toutes ces dimensions interagissent les unes sur les autres.
En quoi cette nomination est importante pour vous et pour votre projet de recherche ?
Sébastien Schick : La nomination à l’IUF représente une chance extraordinaire pour mener à bien ce projet de recherche dans les meilleures conditions. Au-delà de l’aide financière apportée, elle permet de dégager du temps pour la recherche, grâce à la forte décharge du service d’enseignement qu’elle entraîne. Ce type de dispositif est du reste devenu d’autant plus précieux, que les conditions de travail des enseignants-chercheurs se sont dégradées au fils des dernières décennies – par l’accumulation des tâches administratives, la multiplication des tâches réalisées « gratuitement » (pensons aux suivis de thèse, pour ne citer que l’une des dernières innovations), l’augmentation du nombre d’étudiants etc… – réduisant souvent à la portion congrue le temps disponible pour la recherche. C’est là tout le paradoxe de ce dispositif, que de permettre à quelques-uns seulement, de réaliser dans de (très) bonnes conditions leur travail d’enseignant et de chercheur, alors que ce devrait être le lot de chacune et de chacun.
Témoignage de Magali Bessone, membre senior de la chaire fondamentale
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le projet de recherche pour lequel vous êtes nommée membre senior de l’IUF ?
Magali Bessone : Mon projet de recherche, en philosophie politique, s’intitule « Le tournant réparatif de la justice sociale ». Il s’intéresse aux demandes de réparations pour injustices historiques émises depuis une vingtaine d’années dans nos sociétés libérales, démocratiques, occidentales, contemporaines. Ces demandes portent sur l’importance que soient attestées les injustices du passé, que soient reconnues les souffrances qu’elles font encore peser sur certains groupes ou individus aujourd’hui, pour des raisons de persistance des effets d’inégalité et d’oppression ou de continuité des structures injustes, enfin le cas échéant, que soient réparés les préjudices. Je me propose d’identifier le type d’obligations de justice que ces demandes peuvent entraîner. À partir de la cartographie des multiples formes de réparation possibles (compensations, restitutions, réhabilitations, commémorations, etc.) je souhaite défendre leur compatibilité, plutôt que leur concurrence, avec les principes de la justice sociale.
En quoi cette nomination est importante pour vous et pour votre projet de recherche ?
Magali Bessone : Dans mon expérience, la nomination à l’IUF représente, dans l’état actuel du (dys)fonctionnement de la recherche française, la meilleure possibilité de mener des travaux de recherche créatifs et de long terme pour des universitaires – en tout cas en sciences humaines et sociales. La décharge d’enseignement offre la possibilité de participer à des séminaires de recherche réguliers en France et à l’étranger, sans être contraints par manque de temps de refuser, d’être présent par intermittence, ou de les suivre « à distance », ce qui prive de toute la discussion informelle indispensable à l’échange et à l’approfondissement d’hypothèses. La souplesse dans la répartition des heures d’enseignements sur cinq ans permet d’accepter des invitations de chercheur invité de moyen ou long terme et d’avoir ainsi la possibilité de s’immerger dans des bibliographies et des débats internationaux dans la durée. La somme allouée pour la recherche permet une grande autonomie dans les activités (invitations de collègues, traductions d’articles, organisation d’ateliers, etc.). Enfin et surtout, nous retrouvons le temps de lire et d’écrire et de renouveler notre pensée sans tomber dans la routine ou l’épuisement.
Candidature à l'IUF : Le pôle Projets vous accompagne
Vous êtes enseignants-chercheurs ou enseignantes-chercheuses à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et vous souhaitez candidater à l'IUF ? Le pôle Projets de la Direction des Projets et de la Prospective (D2P) vous accompagne pour vous aider à la délimitation, la structuration et l’écriture de votre projet, à la mise en valeur de votre profil, et à préparer les sections consacrées à l'ouverture du projet IUF vers un projet ERC et aux activités d’innovation et/ou de médiation scientifique. Contact : d2p@univ-paris1.fr