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Genre, Europe et diplomatie : une journée d’études sur les femmes et les relations internationales

La journée d’études "S’approprier les espaces et les métiers de l’international. Femmes et féministes européennes au  XXe siècle" s’est tenue le 19 juin au Campus Condorcet. 

Cette journée d’études pluridisciplinaire organisée par le laboratoire de recherche SIRICE, la Chaire de professeur junior "Société civile, institutions et coopérations européennes (XIXe – XXIe siècles)", l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et la Chaire Jean Monnet EUGENDERING (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles) s’est intéressée aux croisements entre histoire des relations internationales, histoire de la construction européenne, histoire des femmes et du genre, études européennes et études de genre.

"Cette journée d’études fait partie d’un long processus d’enracinement des thématiques de l’histoire des femmes et des études de genre entamé au laboratoire SIRICE à l’initiative de Fabrice Virgili” a expliqué Laurence Badel, professeure à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et co-organisatrice de la journée. L'idée était d’aller plus loin et de favoriser le croisement de ces travaux avec l’histoire des relations internationales, en stimulant la réflexion sur la féminisation des relations internationales entendue à la fois comme "pensée de et action sur l’international". Sophie Jacquot, professeure à l’université catholique de Louvain Saint-Louis Bruxelles, titulaire de la Chaire Jean Monnet Eugendering et co-organisatrice a également rappelé l’objectif à l’origine de ces réflexions : contribuer à nourrir la réflexion sur l’Europe, l’égalité de genre et la lutte contre les discriminations.

Cette rencontre a permis de mettre en avant le dynamisme de la recherche sur ces questions. Les recherches sur ces sujets sont éminemment pluridisciplinaires (histoire, droit, sociologie, sciences politiques). Ces différents domaines de recherche qui incluent les études sur le genre et l’Union européenne ainsi que les études sur l’histoire des relations internationales dans une perspective de genre, sont relativement récents. Ils sont devenus des espaces d’innovation et de liberté scientifique pour analyser le rôle des rapports de pouvoirs asymétriques entre les femmes et les hommes. 

Peter Hallama, professeur junior à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne a rappelé l’existence de la journée internationale des femmes dans la diplomatie, qui avait lieu cinq jours après la rencontre. Créée et adoptée à l’ONU en 2022, elle est peu médiatisée. Il a souligné l’importance de sensibiliser les États membres et l’opinion publique à la sous-représentation des femmes dans la diplomatie et dans les relations internationales. Parmi les objectifs de développement durable (ODD) de l’agenda 2030 de l’ONU, un objectif est consacré à l’égalité de genre. On observe des efforts pour atteindre cet objectif, on parle par exemple en France de "diplomatie féministe" depuis 2019. Cependant ces efforts restent insuffisants. On constate une sous-représentation des femmes aux postes à responsabilité : 25% des postes de chefs de services sont occupés par des femmes au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Pour les autres postes, on observe que les femmes sont davantage présentes dans les postes de catégories C et seulement 37% des postes de catégorie A sont occupés par des femmes. À l’échelle nationale ou internationale, d’autres États ont mis en place une diplomatie féministe s’inspirant de l’exemple de la Suède, pionnière en 2014. 

Différentes thématiques autour des relations internationales au prisme du genre ont donc été abordées lors de cette journée d’études, comme par exemple l’accès des femmes aux métiers de l’international ou encore l’engagement international des femmes et féministes en Europe du XXe au XXIe siècles. La plupart des interventions étaient dispensées en anglais par des chercheuses venues de toute l’Europe.