Archaeological Institute of America - AIA Awards
Distinction

Alexandre Pinto, lauréat de l'Archaeological Institute of America pour sa thèse sur la musique ancienne

Le prestigieux Institut a décerné le prix « Telestes » au jeune docteur de Paris 1 Panthéon-Sorbonne pour ses travaux sur la culture matérielle dans le domaine de la musique et de la danse antiques.

L'Archaeological Institute of America (AIA) est la plus grande et la plus ancienne organisation d'Amérique du Nord consacrée à l'archéologie. Fondée en 1879 et agréée par le Congrès des États-Unis en 1906, elle compte des membres dans plus de 100 sociétés locales aux États-Unis, au Canada et à l'étranger. Le prix « Telestes » de l’AIA récompense chaque année une recherche archéologique « qui explore les preuves matérielles de la musique et de la danse, et qui souligne comment ces preuves contribuent à une meilleure compréhension des significations et des fonctions culturelles et sociales de la musique et de la danse dans le cadre des activités rituelles et de la vie de tous les jours ».

Alexandre Pinto est docteur en archéologie de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, membre partenaire de l’UMR Archéologies et sciences de l'antiquité (ArScan). Il a soutenu sa thèse « De l'objet aux sons : triton, crotale, cymbale, sistre. Des objets sonores dans le monde égéen à l'Âge du Bronze » le 7 novembre 2023, sous la direction de Hara Procopiou professeure à Paris 1 Panthéon-Sorbonne en Protohistoire égéenne, directrice de l’EUR ArChal - École universitaire de recherche Archaeological Challenges et Sibylle Emerit, chargée de recherche au CNRS.

Alexandre Pinto présente sa recherche :

La musique et les sons du passé intéressent depuis plusieurs siècles déjà chercheurs et amateurs. Ce n’est toutefois que récemment qu’un véritable engouement scientifique se concentre sur la restitution la plus précise possible des musiques, des chants, des sons et des instruments anciens, fondés sur des sources iconographiques, textuelles et matérielles, lorsque de rares vestiges nous parviennent.

Ce travail de thèse s’est développé suite à une nécessité de retourner vers les artéfacts archéologiques, les objets sonores du monde égéen protohistorique n’ayant encore jamais fait l’objet de telles études. Le retour aux sources a également répondu à une volonté de se détacher des considérations exclusivement musicales vers lesquelles s’orientent souvent les problématiques actuelles ainsi qu’aux restrictions du corpus matériel, exclusivement composé d’objets dont les liens avec la musique ne sont pas évidents.

J’ai ainsi abordé les questions liées à l’artisanat, les modes de production et de transformation des instruments, et développé une réflexion autour de leur sonorité. En me fondant sur l’hypothèse selon laquelle le son émis par ces instruments cherchait à être entendu, je propose donc une première approche du paysage sonore crétois, d’où provient la majorité de mon corpus.

Mes travaux visent à produire une synthèse actualisée des objets sonores égéens ainsi qu'à initier des démarches d'identification des objets pour des études de terrains plus longues et plus approfondies. L'intégration de différents champs disciplinaires à cette approche (archéologique, ethnographique et expérimental) permet d'aborder non seulement les questions de la fabrication et de l'utilisation de ces instruments, mais aussi de proposer les premières reconstitutions de l'espace sonore tel qu'il aurait pu être autour de ces instruments à l'Âge du Bronze Égéen. Ces travaux sur les sons me conduisent à présent vers des questions d'enregistrements de l'anthropophonie ancienne (musique, artisanat...) dans le but de proposer des environnements plus vivants et plus complets, au plus proche possible de ce qu'ils auraient pu être dans le passé.