Tsunami de 2004 : vingt ans de recherches et des avancées majeures pour mieux protéger
Retour sur la conférence scientifique organisée par le Laboratoire de Géographie Physique.
Delphine Grancher, ingénieure de recherche en statistique au CNRS, Annabelle Moatty, chargée de recherche au CNRS et Franck Lavigne, professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, membres du Laboratoire de Géographie Physique (LGP) UMR 8591 ont organisé les 12 et 13 décembre 2024 la conférence « 20 ans du tsunami de décembre 2004 : bilan des recherches sur la caractérisation des aléas et l’analyse des réponses des sociétés », avec le soutien du CNRS, de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, de la Fondation de France et du Labex DynamiTe.
20 ans après, quel bilan ?
Le 26 décembre 2004, un séisme de magnitude 9.2 au large de la province d’Aceh à Sumatra (Indonésie) a provoqué un tsunami causant des dommages sur les littoraux de douze pays différents et la mort de 230 000 victimes. L’Indonésie a été le pays le plus touché, notamment la ville de Banda Aceh avec 168 000 victimes. En 2004, les tsunamis étaient beaucoup moins étudiés qu’aujourd’hui : peu de travaux en France avaient été réalisés, la propagation du tsunami à l’intérieur des terres était mal connue… Afin d’être mieux informée sur le sujet, une équipe de chercheurs et chercheuses s’est formée sur le terrain après la catastrophe pour en étudier les causes et les conséquences. Le projet Tsunarisque est né. Cette conférence a réussi à réunir presque la totalité des membres de ce projet, qui a fait l'objet d'un ouvrage édité aux Éditions de la Sorbonne.
« Ce sont les vingt ans d’une catastrophe malheureuse, mais les vingt ans d’une aventure scientifique et humaine assez extraordinaire », Franck Lavigne
En introduction, Annabelle Moatty a insisté sur le tournant qu’a représenté le tsunami du 26 décembre 2004, autant d’un point de vue scientifique qu’académique. Cet événement tragique a permis de donner de l’importance au sujet des tsunamis sur l’agenda scientifique international en termes de stratégies de gestion des risques. De nombreux travaux ont été produits, permettant d’accélérer la recherche en géographie physique, géomorphologie, sismologie et en géographie humaine et sociale. Des avancées en matière de modélisation de l’aléa et des dommages, des alertes et évacuation et analyse des vulnérabilités physiques des infrastructures ont vu le jour ces vingt dernières années. Franck Lavigne et Raphael Paris, directeur de recherche au CNRS et membre de l’équipe présente sur le terrain en 2004, ont également évoqué les évolutions organisationnelles, sociales et territoriales en Indonésie. Les populations sont désormais mieux équipées, et informées aux risques liés aux catastrophes naturelles.
« Une approche plus interdisciplinaire, plus appliquée plus éthique et plus réflexive de la science des risques » Annabelle Moatty
L’objectif était donc de penser cette conférence autour de l’interdisciplinarité. D’abord celle-ci a été marquée par la collaboration entre le corps enseignant et étudiant. En effet, les étudiants et étudiantes du master Dynarisk ont joué un rôle clé dans l’organisation de la conférence, notamment au niveau de l’exposition de posters. Dans le cadre de leur formation, des posters ont été réalisés et exposés sur le lieu de la conférence pour que le public puisse voter pour le meilleur d’entre-eux.
De plus, l’approche défendue dans l’organisation de cet événement visait la mise en discussion des travaux sur la caractérisation de l’aléa, avec ceux sur les réponses et capacités d’adaptation des sociétés. La conférence était donc divisée en deux journées : la première axée sur les géosciences et les sources tsunamigènes et la deuxième dédiée aux apports des sciences humaines et sociales.
Outre les différentes interventions scientifiques, le public a pu assister à la projection de deux films. En ouverture de la conférence, le documentaire Tsunarisque commenté par Franck Lavigne et Raphael Paris. Ce documentaire a été réalisé sur le terrain, il a débuté trois semaines après le tsunami et s’est poursuivi pendant les deux premières années post catastrophe. Le film Tsunami, une menace planétaire a clôturé la conférence. Il a été projeté en présence du réalisateur Pascal Guérin. Enfin, des photographies réalisées par Franck Lavigne sur la reconstruction de Banda Aceh 13 ans après le tsunami ont été exposées.